La conscience par Descartes - Introduction au thème du « moi »

René Descartes
Introduction à la problématique : 
   
Etre conscient signifie pour l'homme pouvoir se penser lui-même, avoir un certain regard sur lui-même. Grâce à cette faculté, on ne peut plus considérer l'homme comme un «objet», c'est à dire quelque chose qui n'a pas conscience d'être. Puisque l'homme, grâce à sa conscience, devient justement l'être qui, par excellence, va pouvoir s'interroger sur les objets, s'interroger sur le monde qui l'entoure. On peut donc définir la conscience comme une distance, un creux qui sépare l'homme du monde, tout en le mettant en relation avec ce dernier. Le premier réflexe en philosophie, c'est de s'interroger sur la valeur de la conscience, c'est-à-dire sur ce qu'elle implique et ce qu'il faut en tirer, mais aussi sur ce qu'elle est tout simplement : un fait, une substance ? Etre conscient ne signifie pas seulement avoir conscience de soi-même et du monde, mais aussi avoir conscience de l'impact de ses propres agissements sur le monde. Or, dès lors qu'on est conscient de ses propres actes, on en devient «responsable», c'est-à-dire qu'on en est l'auteur et qu'il devient possible d'en être jugé ou condamné. 

Ce que pense Descartes : 

  On ne peut pas douter de la conscience que l'on a d'exister. Descartes nous apprend que la conscience de soi est une certitude absolue. Dans sa démarche du doute méthodique, il parvient en effet à la certitude de l'existence de la conscience qu'il appelle : «cogito». Selon lui, on peut douter de tout, jusqu'à l'existence de son propre corps, mais on ne peut pas douter de cette chose qui fait justement que l'on doute. Autrement dit, on peut douter de tout, mais on ne peut pas douter du fait que l'on doute, car ce doute est une pensée. Pour qu'une chose soit réelle ou fausse, il faut donc présupposer que son point de départ soit quant à lui absolument vrai. On ne peut donc pas douter du fait que l'on existe. 

Ouverture sur une autre problématique : 

   Mais l'important dans la réflexion sur la conscience, c'est de ne pas confondre conscience de soi et connaissance de soi. En effet, avoir conscience de soi, c'est savoir que l'on existe et savoir que le monde est, sans pour autant pouvoir se connaître dans l'absolu. Malgré sa conscience, on peut se tromper sur la nature de son propre être. Ce n'est pas parce qu'on est certain d'exister qu'on peut pour autant être certain de savoir qui on est. Descartes définissait la conscience comme une «substance», c'est-à-dire une chose dans le corps totalement distincte de la matière. La matière est une substance matérielle pour Descartes tandis que la conscience est une substance immatérielle. Toute l'interrogation qui aura suivi la théorie de Descartes consistera justement à se demander si en définissant la conscience comme une «chose» indépendante du monde, le philosophe français ne faisait pas une erreur, en oubliant l'impact du monde sur elle.




Commentaires

Anonyme a dit…
"Être certain d’exister, est-ce être certain de savoir qui on est ?", c'est là une très bonne question. Les humains ont tendance à affirmer savoir qui ils sont, mais est-ce si facile en réalité ?

La certitude d'exister est une conscience de base, la conscience de soi. L'on a conscience que nous sommes un être vivant, capable de penser, de ressentir, d'agir. Nous avons le sentiment du "je suis". En d'autres termes, toute chose existe en vertu de sa propre nature ou essence. Cela signifie que chaque entité a une certaine existence intrinsèque qui ne dépend pas de la connaissance qu'elle a d'elle-même. En ce sens, la certitude de notre existence ne garantit pas la certitude de notre identité. Elle peut nous donner une assurance de base que nous sommes, mais elle ne nous dit pas nécessairement qui nous sommes.

En effet, si cela semble assez facile et instinctif d'avoir conscience de soi, être certain de savoir qui on est implique une compréhension plus profonde de soi-même. La connaissance de soi n'est pas, à mon avis, une conséquence automatique de la conscience de soi. La connaissance de soi comprendre une connaissance de nos valeurs, de nos croyances, de nos motivations, de nos désirs, de vos compétences, de nos limites... Il peut arriver que l'on découvre qui l'on est réellement assez "tardivement", cette découverte de nous même peut survenir suite à un évènement, suite à une rencontre...

En réalité, la certitude de l'existence est un fait immédiat et incontestable, alors que la certitude de savoir qui on est est un processus d'autoréflexion, d'introspection, et d'apprentissage continu. Cette question m'a emmené à me poser d'autres questions sous jacentes, notamment :

- comment la perception que nous avons de nous-mêmes se compare-t-elle à la manière dont les autres nous perçoivent ?
- comment notre environnement et nos expériences influencent-ils notre sens de l'identité ?
- est-ce que l'identité est uniquement une construction sociale, ou existe-t-elle indépendamment de la société ?

Un article vraiment très intéressant qui pousse à une réflexion plus approfondie.

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