Faut- il craindre la mort ? Le problème d'Épicure


Faut-il vraiment que je craigne la mort ? Puisque tant que je suis vivant, elle n'est pas là et quand elle sera là, c'est moi qui ne serai plus. La mort n'est-elle pas alors, quelque chose qui ne me concerne pas ? C'est la réflexion d'Épicure qui considère comme absurde la crainte humaine pour la mort puisque ces deux éléments ne se croiseront jamais selon lui. 

Les vivants ne rencontrent pas la mort du fait qu'ils sont en vie et les morts non-plus, dans la mesure où ils ne ressentent plus rien. Tout se passe, selon le philosophe grec, comme si la mort était insaisissable, ou, tout simplement, qu'elle n'existait pas. Pour lui, ce n'est donc pas la mort que nous craignons en notre for intérieur, mais le moment où elle viendra. C'est-à-dire l'instant. 

Pour être plus clair, le simple fait qu'elle doive un jour venir nous prendre, indépendamment de notre volonté est source de crainte. L'homme craint alors la mort comme un supplice qu'il devra vivre alors qu'il s'agira simplement de l'instant où il n'aura plus à en vivre puisque privé de toute sensation. 

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Walter White (Breaking Bad) avant de mourir


Mais, la question qui naît de cette pensée est la suivante : si la mort n'est rien pour nous, qu'en est-il de la mort des autres ? N'est-elle pas finalement, la seule mort que nous sommes condamnés à "vivre" à proprement parler ? Épicure pensait avoir résolu le souci de la mort de l'individu mais l'a abandonné  devant celle des autres. 

Si ma propre mort n'est rien pour moi, celle des autres quant à elle, est bel et bien problématique puisque je dois vivre avec elle sur ma conscience. Je dois accepter que ceux qui m'ont accompagné jadis, ne soient plus là. Le décès d'autrui m'oblige à me reconstruire une existence et donc, à moi-même, tuer l'être que j'étais avant qu'il ne quitte ce monde. 

Ainsi, la mort d'autrui, signe d'une certaine façon, le début de ma propre mort : celle de celui que j'ai été lorsqu'il était vivant. Et ma mort devient, si ce n'est pour moi, au moins pour quelqu'un d'autre, quelque chose d'effroyable et d'absolument redoutable.


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