Peut-on réduire l'esprit à la matière ?

Introduction:
S'il y a une certitude partagée de manière assez universelle, c'est bien celle que l'esprit s'oppose à la matière, comme la théorie s'oppose à l'expérience. On voit en l'esprit l'élément immatériel incarné dans l'homme, cette fameuse "substance pensante" (res cogitans) dont nous parle Descartes. Le problème qui se pose, est qu'il y a peut-être des risques à vouloir absolument distinguer la matière de l'esprit. Car paradoxalement, c'est notre esprit qui nous met en lien direct avec la matière, et donc nécessairement le rapport à la matière qui nous fait savoir que nous sommes des êtres spirituels. Nous sommes donc invités à nous interroger sur la question de la légitimité du dualisme. En somme, peut-on réduire l'esprit à la matière? Cette question, qui, au premier abord paraît totalement paradoxale, du fait que par essence, matière et esprit s'opposent l'une à l'autre, peut devenir intéressante si l'on voit dans l'expérience sensible, un enseignement, ou un rôle dans l'évolution de l'esprit. Mais cette question en soulève également d'autres, d'ordre empirique et métaphysique. On peut effectivement se demander si l'esprit est véritablement un élément immatériel, ou s'il n'est pas plutôt matériel. Toujours aussi paradoxalement, réduire l'esprit à la matière, revient à renier la supériorité de l'homme, et à le réduire à un amas de matière.

Il faudra donc que l'on mette en évidence en premier lieu, les raisons pour lesquelles l'esprit serait supérieur à la matière, et donc non réductible à cette dernière. Puis nous serons amenés à montrer les limites qu'il y a à élever l'esprit au dessus de la matière et de l'expérience sensible. Nous terminerons en expliquant les raisons pour lesquelles il faut tout de même voir en l'esprit, une transcendance, un dépassement  pour la matière.


I. Il faudrait donc distinguer l'esprit de la matière 




1.La pensée fait la grandeur de l'homme

Peu importe l'avis que l'on a, majoritairement, on est d'accord pour affirmer que l'homme, est cet être qui se différencie du reste de la nature de par le fait qu'il pense, d'ailleurs, dès l'antiquité, Aristote distingue déjà les différents types d'âmes, en montrant qu'il y en a trois majeurs : l'âme végétative propre aux végétaux qui les permet d'évoluer, l'âme sensitive, propre aux animaux qui les dote de l'auto-motricité, et enfin, l'âme humaine, ou l'âme intellective, qui permet l'intellection, et donc, de ne plus être au statut de l'animal, qui, lui, est condamné à la tyrannie de ses instincts. De ce fait, la pensée de l'homme s'élève nécessairement au dessus de la matière, puisque son rapport à elle s'en trouve modifié. Dans la même lignée, Blaise Pascal au XVIIe siècle, montre bien que la pensée s'élève au dessus de la simple matière, dans son œuvre majeure, Pensées, il affirme tout simplement la chose suivante : "Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête, car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds. Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée. Ce serait une pierre ou une brute." On le voit bien là, à travers la suite du cheminement de pensée que nous venons de dérouler avec Aristote, ce qui distingue l'homme du reste de la nature, c'est sa capacité à en être conscient. En outre, toujours pour continuer avec Pascal, on peut citer l'exemple dont il se servait pour marquer encore plus la différence qui sépare l'esprit de la matière. Il prend l'exemple d'un roseau. Il montre en effet que le roseau est faible, et que l'homme aussi, mais il dit bien que cependant; :"l'homme est conscient de sa misère. Et cela fait sa grandeur".


2.Le dualisme cartésien


Quand Descartes parvient à sa première certitude, celle du cogito, caractérisée par l'affirmation du sujet pensant : "je pense, donc je suis". Il marque évidemment, un éloignement, une séparation du monde sensible, qui entre dans la catégorie de ce qui peut faire l'objet d'un "doute", car non clair et distinct. Il marque donc premièrement, le caractère certain du cogito, et le caractère imprécis et douteux de la matière. En atteignant cette certitude de l'existence, je comprends que je suis une âme, que Descartes définit comme une chose ou comme une substance pensante. Ainsi, la conscience devient le fondement de toute vérité possible. Par conséquent, la matière pour être reconnue, nécessite l'âme, qui, seule rend possible sa connaissance. Or, deux conséquences découlent du cogito. la première, c'est que si la connaissance n'a pas à chercher son origine hors de l'esprit, c'est que les idées vraies, c'est à dire claires et distinctes, sont innées. Et si elles sont innées, alors il faut nécessairement séparer l'âme et le corps, donc l'esprit et la matière. Pour Descartes, l'âme et le corps sont deux substances dont les essences diffèrent absolument, du fait que l'une soit immatérielle, et l'autre ne soit qu'une étendue géométrique réduite au mécanisme universel. On remarque bien là la puissance avec laquelle est séparé tel deux aimants que l'on essayerait de faire se toucher, l'âme et le corps avec Descartes.



3.Le dualisme platonicien



Cependant, Descartes n'est pas le premier à avoir cette intuition, en effet, en terme d'idéalisme, un philosophe dans l'antiquité est incontournable, il s'agit de Platon avec sa théorie des essences. Pour Platon, il est strictement impossible de réduire l'esprit à la matière car, le corps en particuliers, nous trompe, nos sens nous donne accès à un monde illusoire, et caractérisé par la multiplicité et l'instabilité. c'est pour cette raison qu'il affirmait dans cette citation devenue culte que : "le corps est le tombeau de l'âme". Mais on comprend aussi derrière cette affirmation que Platon accordait une place capitale à l'âme. En effet, selon lui, le savoir véritable est intemporel, or l'"être en soi" des choses n'existe pas dans le monde sensible dont nous faisons l'expérience, car ce monde est soumis au devenir. Mais pour que le savoir véritable soit possible, il faut qu'il y ait un autre monde, fait d'êtres non-changeants, sans-cesse identiques à eux-mêmes, éternels : les Idées, ou les essences. Il ne s'agit pas du sens d'idée au sens moderne, Platon voit en les Idées un être immatériel, invisible, intelligible, d'une parfaite objectivité et pleinement réel, par rapport auquel, la réalité sensible (matière), n'est qu'une ombre. Dans le discours de Platon, le dualisme est pleinement reconnaissable dans le fait que le monde vrai qui constitue le monde des Idées,  est un monde intelligible, c'est à dire accessible uniquement par l'intellect, donc par l'âme, ce qui marque une supériorité à l'âme, qui est carrément capable de se dépasser elle-même pour atteindre une autre réalité, là où la matière ne peut rien faire d'autre que d'être en mouvement.


Transition :

Nous avons donc montré en quel sens l'esprit était irréductible à la matière. Nous avons mis en valeur tout son prestige et son caractère libérateur et nécessaire à l'accession à différentes vérités. Et en contrepartie, nous avons montré l'instabilité de la matière, qui devient même carrément une gêne, de par son activité mobile qui peut nuire à la bonne saisie du réel par l'âme. Cependant, nous allons désormais voir les limites qu'il y a mettre ainsi l'âme au centre de toute possibilité.



II. L'esprit dépendrait de la matière



1.Lhomme n'est pas un empire dans un empire



Si l'on devait citer un philosophe pour qui le dualisme est insensé, il faudrait bien citer Baruch Spinoza, philosophe hollandais du XVIIe siècle. Pour lui, il ne faut pas détacher l'homme de la nature en lui donnant une quelconque supériorité, car lui aussi, participe au mouvement de la nature, et cela va même plus loin, car, chacun de nos actes, selon lui, sont dictés par des raisons qui nous dépassent, et ces raisons qui poussent à agir, constituent une contrainte. Pour Spinoza, le contraire de la liberté n'est pas la nécessité, mais la contrainte. La contrainte renvoie aux déterminations extérieures qui m'obligent à une action, et la liberté, à celles qui dépendent uniquement de ma nature propre. Ainsi, puisque nos actes sont dictés par une contrainte extérieure, alors nous somme complètement lié à la nature et participons à son mouvement. D'autre part, la transcendance la plus connue dans l'histoire de la philosophie, est Dieu, mais pour Spinoza, Dieu n'est pas un être transcendant, dans le sens où il s'élèverait au dessus et serait complètement éloigné de l'homme, mais il est en la nature, et c'est pourquoi l'homme ne doit pas vouloir se détacher de la matière, mais plutôt ne faire qu'une avec elle. D'autre part, Spinoza dans les principes de la philosophie de Descartes , affirme qu'il n'est pas nécessaire de passer par le doute systématique pour trouver la vérité, il faut, et suffit de purifier l'entendement de ses idées confuses en procédant à une critique de l'imagination, et pour ce faire, il faut constituer une science de la nature humaine qui dépasserait le dualisme cartésien de l'âme et du corps, car le dualisme rend incompréhensible l'action de la matière sur l'esprit, et vice et versa.


2. Conception empirique du rapport entre la matière et l'esprit



L'empirisme est une conception selon laquelle la connaissance est fondée sur l'expérience sensible externe ( les sensations ) et internes (nos sentiments tels qu'ils sont vécus). L'empirisme classique, notamment celui de John Locke, affirme que la connaissance a une base sensible, autrement dit, nos idées viendraient de l'expérience de la matière. C'est pourquoi, dans Essai philosophique concernant l'entendement humain, Locke dit la chose suivante : "L'âme est une table rase, une page blanche vide de caractères. Comment en vient-elle à recevoir des idées ?  D'où puise-t-elle les matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela, je répond d'un mot, de l'expérience". Ainsi, nos idées ne viendraient pas de nous même, ne seraient pas innées, mais viendrait de l'expérience sensible, et on comprend mieux aussi, pourquoi Aristote, montre dans éthique à Nicomaque, en quoi nous sommes absolument dépendants de la matière, il montre en effet que la nature nous dote d'organe en puissance, comme les yeux par exemple, qui permettent la vue. Mais les yeux qui nous sont donné en puissance, ne prennent leur sens qu'après la vue en acte. De même qu'un fœtus, n'est qu'un homme en puissance, il ne deviendra un homme en acte, qu'une fois venu au monde.


3. La conscience serait l'expression de notre activité cérébrale


L'évolution de la science au cours de l'histoire marque une progression de la conception traditionnelle  de l'esprit, en effet, plus la science a évolué, plus le cerveau a prit une place considérable dans l'idée que l'on se fait de la vie spirituelle de l'homme. Avant même d'en arriver à la neuroscience, on peut citer la psychanalyse, qui a montré à quel point la conscience se trompait en se croyant transparente à elle-même. Au vingtième siècle notamment, Sigmund Freud, a brisé la conscience en plusieurs parties, le moi qui constituerai ce que la vie en société a fait de nous, le surmoi, qui rassemblerai tout ce que la vie sociale nous a fait refouler, et qui emmagasinerai le contenu "disponible" et enfin, le "ça", qui constituerai la partie non-accessible de la conscience, qui rassemblerai nos pulsions, qui serait le réservoir chaotique de la conscience. Ainsi, le caractère inaliénable de la conscience que présentait Descartes, ne serait en fait qu'une illusion. Mais pour en revenir au lien du cerveau avec la conscience, Bergson, dans l'Ame et le Corps, présente la théorie selon laquelle le cerveau serait l'organe qui constituerait : "le point d'insertion de l'esprit dans la matière". Et cela va bien au-delà selon lui, car ce serait le cerveau qui assurerait l'adaptation de l'esprit aux circonstances. Pour bien comprendre, il faut reprendre l'un des passages de l'œuvre que l'on vient de citer :

" Mais le cerveau [ ... ], maintient sans cesse l'esprit en contact avec des réalités. Il n'est donc pas, à proprement parler, organe de pensée, ni de sentiment, ni de conscience ; mais il fait que conscience, sentiment et pensée restent tendus sur la vie réelle et par conséquent capables d'action efficace. Disons si vous voulez, que le cerveau est l'organe de l'attention à la vie"

Ainsi, comme on le voit bien dans le propos de Bergson, le cerveau serait cet organe qui rendrait possible, la mise en œuvre des états de la conscience, et serait ce qui nous maintiendrait en relation avec la vie réelle. En effet, le cerveau est incontournable, le propos de Bergson peut tout à fait être mis en lien avec un exemple simple qui est celui de la drogue. Il est prouvé scientifiquement qu'une drogue comme le LSD, est constituée de molécules qui atteindraient une partie spécifique du cerveau, qui donnerait lieu aux hallucinations, donc, et en somme, ce que nous indique notre conscience ne dépendrait que du cerveau, seul lien, réseau, qui relierait la conscience au réel. Donc, le cerveau pose la question des limites du dualisme et ouvre les portes aux possibilité du monisme. On peut terminer cette partie par les paroles du philosophe américain John Searle, qui s'est beaucoup intéressé au langage et à l'esprit : "toute notre vie consciente est causée par des processus cérébraux". Ces paroles  peuvent nous laisser dubitatifs, car rendant quasi-erronés, toutes les théories sur la conscience.

Transition:
Nous avons donc vu quelles étaient les limites du dualisme en confrontant l'esprit avec ce qu'il essayait absolument d'échapper, à savoir la matière. Notre réflexion nous a mené à lier le cerveau, organe du corps humain, donc constitué de matière physique, à la conscience. ce rapprochement nous a mené à réduire l'esprit à la matière finalement. Cependant, ne peut-on pas trouver une solution qui permettrait de rétablir l'honneur et la grandeur de l'esprit, tout en gardant ce lien avec la matière ? Même si le cerveau participe à l'activité consciente, la conscience, du simple fait qu'elle rend possible la saisie du réel, ne la transcende-t-elle pas ?


III. L'esprit s'élève tout de même au dessus de la matière car lui seul est capable de la saisir,  l'esprit constituerait donc une transcendance pour la matière

1. Hypothétique immatérialité de la matière ?


La doctrine de l'immatérialisme, est une doctrine selon laquelle l'être des choses se réduit à leur perception actuelle, ainsi, il n'y aurait pas de matière, donc aucune réalité sans perception spirituelle. Ce point de vue place déjà l'esprit au dessus de la matière, du fait qu'elle seule la rend possible par la perception qu'il s'en fait. Le lanceur de cette doctrine, George Berkeley, dans son œuvre Principes de la connaissance humaine, défend ses positions en affirmant que : " l'existence d'une idée consiste à être perçue" . Ainsi, pour appuyer sa thèse, il utilise un exemple intéressant : 
" La table sur laquelle j'écris, je dis qu'elle existe : c'est à dire je la vois, je la sens ; et si j'étais hors de mon cabinet je dirais qu'elle existe entendant par là que si j'étais dans mon cabinet, je pourrais la percevoir ou que quelque autre intelligence la perçoit effectivement."
On le comprend bien, dans ce propos : sans esprit pour confirmer la perception d'un objet, l'objet n'a pas d'existence. En somme, la réalité du monde ne dépend, que de la perception que nous en avons. Ainsi, il a affirmé la chose suivante : "supprimez le sujet sensible et vous supprimez le monde".


2. " L'homme est l'être dont l'apparition fait qu'un monde existe." J-P Sartre


Jean-Paul Sartre
Cependant, la doctrine de l'immatérialité n'est qu'une doctrine hypothétique, car on ne peut pas affirmer objectivement que le monde n'existe pas au delà de la perception que nous en avons. Car si notre perception en fait bien un monde que l'on peut qualifier d'humain, le monde a certainement une existence objective, au delà de ce que la conscience en fait. Il faut donc nécessairement que l'on trouve une conception qui allierait la réalité matérielle, à la transcendance que constitue la conscience pour elle. La phénoménologie, semble être ce qui défend le mieux la transcendance dialectique( c'est à dire qui relève d'un échange ) entre le monde matériel, et la conscience. En effet, le philosophe Français, Jean-Paul Sartre, dans la liberté cartésienne, affirme qu'il y a un monde déjà là, et que, c'est dans ce monde que se trouve la conscience, et qu'il est absolument nécessaire que ce monde soit déjà là, pour pouvoir être perçu par la conscience, car si ce n'était pas le cas, il n'y aurait rien car la conscience ne crée pas le monde. Ainsi, puisque le monde est une donnée présente avant l'arrivé de la conscience, mais ne pouvant pas être perçue sans elle, Sartre ajoute ceci : " L'homme est l'être dont l'apparition fait qu'un monde existe", il justifie son propos en ajoutant : " si vous ôtez le monde à la conscience, elle n'est plus conscience de rien, donc, rien du tout", ce propos laisse à penser que le monde transcende la conscience, or comme nous l'avons dit, c'est une transcendance dialectique, et Sartre le montre en ceci : "Mais cela va dans l'autre sens aussi : sans la conscience, le monde existe, mais c'est comme s'il n'était pas. Pourquoi ? C'est que par sa présence, la conscience donne un sens à l'être". Ainsi, pour être défini, le monde matériel, ne peut se passer de la conscience, qui lui fait même dépasser son stade habituel en le faisant devenir, un monde humain. C'est dans cette optique que Jean-Paul Sartre, dans une autre de ses œuvres : la critique de la raison dialectique, a dit : " Aussitôt qu'on est au monde, l'être pur disparaît, parce que par notre présence, il reçoit des significations" . Pour éclairer cette phrase, il faut l'expliquer : ce que Sartre entend montrer en affirmant ça, c'est que le monde, sans la conscience, est un être pure, neutre, sans rien, mais qu'à partir de l'arrivé de la conscience sur elle, elle perd immédiatement toute pureté, car la conscience humaine la transcende en lui donnant une définition : par exemple, le monde ne s'appelle "monde" , que parce que l'homme l'a appelé comme ça, sans conscience, le monde n'a pas de nom, et, à strictement parler, n'a pas d'existence en tant qu'il n'a pas de sens. En somme, le monde n'est rien d'autre qu'un monde humain.


3. La matière s'humanise par le travail de l'homme

D'autre part, du fait qu'il est spirituel, l'homme entretient un rapport particulier à la matière, il est capable de la façonner à sa manière. En travaillant, l'homme transforme une donnée neutre, en donnée humaine. C'est ce que montre Hegel en affirmant que le travail n'est rien d'autre que la réalisation de l'esprit. Comme il le montre dans la dialectique du maître et de l'esclave, quand l'esclave travaille, il forme,  transforme le monde et l'humanise en le rendant plus adapté à lui. En d'autres l'esprit de  l'homme est la seule possibilité pour le monde, de devenir autre que ce qu'il est.  En outre, de la même manière que Hegel, un autre philosophe allemand, Karl Marx, dans le capital, montre que ce qui différencie l'activité de transformation de la matière de l'animal et de l'homme, c'est la conscience, il faut donc que l'on cite un passage de cet œuvre :

"Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience."

Ce texte montre bien, ( même si Karl Marx est matérialiste ), que l'esprit, par sa capacité de représentation préalable, donc de conception , peut réaliser et concrétiser ses idées en leur faisant prendre une forme matérielle. Il n'y a pas de meilleure définition pour le terme "transcendance" .



Conclusion:
Nous avons donc démontré dans un premier temps que l'esprit était irréductible à la matière, en ce sens que leurs essences les éloignait nécessairement, puis nous avons remis cette vision en doute, en montrant, que peut-être bien qu'il ne fallait pas séparer esprit et matière, car peut-être qu'un lien les unissait, le cerveau. Ainsi, il paraissait nécessaire de proposer une réponse qui réussirait à allier les deux discours précédents, en reliant bien la matière et l'esprit, tout en rendant sa grandeur à l'esprit, qui à lui seul, représente une transcendance pour le monde.
Johan



















Commentaires

Clément a dit…
Cher Johan,
Je suis arrivé sur cet article par hasard, en recherchant une image pour représenter le mot "neuroscience". Et je m'y suis arrêté un moment, pour parcourir, puis pour lire en détail votre article.
J'ai beaucoup apprécié votre culture et la clarté de votre discours. Votre raisonnement est bien construit et votre style aisé à lire, que du bon donc :)
Quant au fond, j'en suis sorti avec un léger malaise, qui justement m'a fait prendre conscience de ce qui me manquait dans ce tour de ces grands auteurs : il me manquait l'aspect émotionnel, et le le lien esprit / matière, passe bien par le ressenti corporel des manifestations émotionnelles. Ce malaise est un ressenti dans mon corps, issu d'une réflexion et de la lecture des idées reproduites dans votre article.
Oui j'ai retrouvé avec vous pourquoi la lecture des philosophes que j'admirais tant à 20 ans, m'est aujourd'hui douloureuse (à presque 50) : l'anima ne parle pas assez par la plume de ces messieurs, leurs émotions ne sont-elles pas assez nobles pour les intégrer à leurs réflexions ?
C'est cela qu'il me manquait, je vous remercie vivement et avec un profond respect de m'avoir ainsi clarifié .. l'esprit :)
Bien à vous, et au plaisir de vous lire,
Clément.
Johan BANZOUZI a dit…
Cher Clément,

Premièrement, je suis très flatté par vos compliments au sujet de mon style, vraiment, je vous en remercie.
Je comprends un peu vos regrets vis-à-vis de cet espèce d'oubli de l'émotion, qui,on peut dans l'ensemble, considérer comme inhérent au domaine philosophique. Mais pourtant, je me permet d'y mettre une objection dans la mesure où l'un des philosophe que j'ai cité dans mon article, n'oubli rien des émotions, et au contraire, arrive à contrer cette rigueur qui rend impossible l'intégration des sentiments dans la philosophie : il s'agit d'Henri Bergson,qui, dans cette phrase que j'ai cité dans l'article dit que : le cerveau [ ... ], maintient sans cesse l'esprit en contact avec des réalités. Il n'est donc pas, à proprement parler, organe de pensée, ni de sentiment, ni de conscience ; mais il fait que conscience, sentiment et pensée restent tendus sur la vie réelle et par conséquent capables d'action efficace. Disons si vous voulez, que le cerveau est l'organe de l'attention à la vie".
Il ne s'agit donc, il semble, pas toujours d'oublier les émotions, mais plutôt, je pense de ne pas s'y attarder dans l'absolu par souci d'émission d'un discours clair et distinct, et le plus objectif possible afin que chacun puisse le comprendre.
Je compte faire un tour sur votre blog à mon tour et y déposer un commentaire.

Au plaisir de vous lire.

Bien à vous.

Johan

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